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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/460

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Toi qui veux de mon nom faire un nom souverain,
Chasse, en m’apparaissant, lesbrouillardsduchagriu,
Et de ce cœur aigri, qu’il agace, ou qu’il froisse,
Distrais, en t’y posant, l’amertume et l’angoisse :
Concentre autour de moi ta grâce, ta beauté,
Tes caprices de pleurs, tes élans de gaîté :
Que je relise encor le ciel dans ton sourire,
Le ciel, où tu m’as dit que l’amour se retire !
Ramène à mes foyers, où tu venais t’asseoir,
Ces jours, si bien remplis du bonheur de te voir :
Et, quand ih reviendront, ralentis leur vitesse.
Rends-moi de mes baisers la prodigue allégresse,
Et mes soirs d’autrefois inconnus de l’ennui,
Et mes nuits sans écho dans mes nuits d’aujourd’hui.

Sais-tu combien sans toi l’existence est stérile,
Le travail importun, l’étude difficile :
Combien le jour épais se traîne avec lenteur ?
D’un voile sombre et lourd l’obscure pesanteur
Semble, en dépit du ciel, attrister la verdure :
Les bouquets sont fanés, les ruisseaux sans murmure,
Et les oiseaux, chagrins de ne pas t’écouter,
Quand tu n’écoutes pas, ne savent plus chanter.
Tout a besoin de toi, comme de la lumière :
Je crois que sans ton nom, Maria, la prière
Égarerait dans l’air son vol religieux :
Elle a besoin de lui, pour entrer dans les deux.