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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/461

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Globe orphelin pour moi, la terre, où je respire,
Quand tes regards sont loin, n’a plus rien qui m’inspire :
Et visible partout, où je les vois passer,
Dieu semble aussi partout avec eux s’effacer.

De quel chant saluer le jour qui veut éclore,
Quand l’ombre de l’absence en obscurcit l’aurore,
Ou, des feux du soleil émoussant la chaleur,
De leur miroir nocturne y répand la pâleur ?
Viens donc, de l’univers réchauffant l’énergie,
De mes ailes de plomb bannir la léthargie !
L’aigle ne peut voler dans un ciel ténébreux ;
Mais la gloire est facile alors qu’on est heureux.
V iens, comme un mot du cœur q u i se change en promesse,
Aux pleurs de la mémoire arracher leur tristesse :
Laisse, dans mon hiver, tomber, d’un ciel plus chaud,
Quelque rayon de toi qui dore mon cachot :
Et, sous mes doigts glacés réveillant la peinture,
A mes crayons éteints rattache la nature !

Toi qui veux, Maria, que je la chante encor,
Ordonne, à quelque esprit dont tu guides l’essor,
De rapporter ton souffle aux cordes de ma lyre.
Qu’il entende à ta place, et pour te les redire,
Mes sanglots suppliants, ces regrets, ces aveux,
Que ma bouche isolée adresse à tes cheveux,