Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/470

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C’est Dieu, voilé de grâce et de fragilité,
Pour accoutumer l’homme à sa sublimité :
Qui donne, et qui reçoit, qui rêve et qui soupire,
Qui bénit, d’un regard, ce qu’enfante un sourire :
C’est le Dieu, qu’ils sentaient sous leur front graviter,
Qui prend, sans s’obscurcir, nos traits pour s’attester :
C’est l’œuvre universel, exprimé par un être,
Leur poème animé, qui vient leur apparaître !
Qu’y peut des plus beaux vers la pâle expression ?
Le poème est vivant : l’amour, la passion,
Rend visible à leurs yeux cette intime harmonie,
Qui vibre sourdement dans le sein du génie :
Et le bonheur enfin, dans son réseau muet,
Retient leur vol bruyant, que l’orgueil remuait.

II.
Ce destin du génie, aveuglé par l’audace,
Dont l’essor novateur veut régenter l’espace,
Qui, de l’immensité s’instituant le roi,
Lui dicte une hypothèse à défaut d’une loi,
Et, de son code enfin déchirant le programme,
Vient abdiquer son vol aux genoux d’une femme :
C’est le mien, Maria ! risible souverain,
J’ai cru pouvoir, tenant l’univers d’une main,