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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/471

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Y promener de l’autre un sceptre enthousiaste :
D’un livre sans limite arrogant seoliaste,
J’ai, plongeant dans l’étude un œil réformateur,
Voulu donner au ciel un nouveau dictateur :
Et j’ai, pendant dix ans, exilé volontaire,
Cherché, dans l’infini, le secret de la terre.
J’ai cru même souvent, plein d’un sublime effroi,
Sentir la vérité, qui passait devant moi ;
Mais, lorsque, face à face abordant le problème,
J’ai voulu sur sa base assurer mon système :
Sous un lien commun réunir en faisceau
Tous les germes de Dieu, flottants dans mon cerveau :
Et, dans un seul foyer dirigeant la lumière,
Présenter la nature en bloc, et tout entière :
Dans son jour désastreux j’ai vu ma pauvreté.
J’ai peut-être, un instant, à la réalité,
D’un travail qui s’insurge opposé l’hyperbole ;
Mais, voyant diverger, au vent de la parole,
Cet essaim de lueurs qu’il fallait concentrer,
L’ambitieux déchu n’a plus fait qu’admirer :
Puis en te rencontrant, ma pitié surprise,
D’une ombre de Dieu même aussitôt s’est éprise :
Et toute ma pensée, ivre d’un nouveau jour,
A, pour mieux t’adorer, passé dans mon amour.

Amour toujours le même en variant sans cesse,
Son pouvoir éthéré ne craint pas de vieillesse.