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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/475

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C’est lui, guide aimanté des sphères vagabondes,
Qui fait à nos esprits marcher le pas des mondes,
D’une porte du ciel leur entr’ouvre le seuil,
Et nous montre encor Dieu sous le plomb du cercueil.
Haïr, c’est ignorer ; mais aimer, c’est connaître,
Et connaître, c’est vivre : Ame et source de l’être,
L’amour n’est qu’un surnom de la félicité,
La première lueur de l’immortalité,
L’immortalité même à la matière unie.
Raison pure et première, essence indéfinie,
Je touche par l’amour au secret du Très-Haut !
Ce secret compliqué, je le dis dans un mot :
Je t’aime !… Je le dis, dans un son de la lyre :
Maria !… Tout mon être à la fois le soupire.
Pour chanter l’univers, c’est lui dont j’ai besoin.
Écho des saints concerts, que j’écoute de loin,
Ton nom nous est venu de la langue suprême :
Il semble, en le disant, qu’on devient Dieu soi-même.

Oui, de ton nom sacré, le brûlant talisman,
Change en lave de feu la poussière d’Adam.
Verbe transformateur, dont j’aspire la flamme,
Le monde qu’il contient m’entre avec lui dans l’âme.
Mais, en le prononçant, comment y faire entrer
Les merveilles sans fin qu’il semble conjurer ?
Ma voix qui meurt éteint leur prestige infidèle :
Tout ce que peint la voix doit s’éteindre avec elle.