Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/474

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Te détourner de moi, c’est me faire un larcin !
Religion vivante, éclose dans mon sein,
Ne m’en dérobe pas le visible symbole.
Comme un autel errant, qui chercbe son idole,
Mon cœur infatigable a besoin que le Dieu
Épure, en s’y posant, ses offrandes de feu.
Laisse-moi t’entourer d’un encens de prière !
Du cygne, qui s’éveille à son heure dernière,
Quand, sous ses yeux éteints, il voit, d’un ciel levant,
Flotter à plis d’azur le miracle mouvant,
Que le chant de départ soit mon cri d’existence,
Et son cri d’un moment le chant de ma constance !
Vivant dans cet Éden, dont il meurt convaincu,
Que je puisse mourir, comme j’aurai vécu :
Et de mes yeux, baignés de saintes étincelles,
Voir mon éternité briller entre tes ailes !

III.
Va, Maria, l’amour n’est pas, comme on le croit,
De ces éclairs d’été, qu’affarouche le froid !
Feu puissant, échappé de je ne sais quel moule,
Des astres qu’il façonne, il régit seul la foule.
De tout ce qui doit être infaillible devin,
C’est le nom qu’ici-bas a le savoir divin.