Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/488

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Embaume nos hivers d’une odeur de printemps :
Nous, que nous reste-t-il de nos plus doux instants ?
Un poison glacial, de fiévreuses alarmes ;
Le bonheur ne nous lègue, en partant, que des larmes.
De si riants tableaux naguère si peuplé,
Mon temple domestique, hélas ! s’est écroulé.
Mon temple ! Nous n’avions, à deux, qu’une demeure :
Je respirais ton air et ton souffle à toute heure :
Nos nuits s’entrelaçaient souvent comme nos jours :
Je ne te cherchais pas, je te voyais toujours.
Maintenant, quand j’appelle, où trouver la réponse ?
Où rencontrer dans l’air un parfum qui t’annonce ?
Nul écho maintenant, de ton approche instruit,
Ne reconnaît les pas, dont il attend le bruit.

D’un moisd’automneà l’autre, ô Dieu, que de distance !
Depuis que, nous quittant aux portes de la France,
Nous sommes revenus, en cachant nos détours,
De nos sorts divisés recommencer le cours,
Chaque instant nous sépare, aucun ne nous rassemble.
Nos sentiers désunis ne courent plus ensemble :
L’hiver a desséché l’herbe qui les mêlait.
Fallait-il donc trouver ce ravage incomplet,
Et, prenant sans pitié l’oubli pour de la force,
Élargir, de tes mains, l’abime du divorce ?
Moi seul de nos serments aujourd’hui me souviens.
Les miens vivent toujours : mais qu’: is-tu fait des tiens ?