Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/487

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le talent se glissait dans mon cœur radieux,
Et j’écrivais les chants, qui brillaient dans tes yeux :
Mes larmes sur ma lyre expiraient cadencées…
Il me reste des pleurs : mais où sont mes pensées ?

Que les regrets sont longs, quand ils sont isolés :
Et que nos jours de joie, une fois envolés,
Laissent, dans notre cœur, deplace à la souffrance !
Quand des brouillards du temps, où se perd l’espérance,
Nos regards, détournés par crainte ou par raison,
N’ont plus que le passé pour unique horizon,
Que ce passé fait mal, en nous faisant envie !
Les pleurs de la mémoire enveniment la vie.
Aux fleurs du paradis, dont je suis descendu,
Mon souvenir tenace est encor suspendu :
Et, de tes vœux éteints, mon sein, qui vibre encore,
Comme un luth qui se brise, exhale un cri sonore.
Died ! que dans l’abandon les regrets sont amers :
Et qu’un être de moins rend des foyers déserts !

O mes félicités, votre frêle auréole
A glissé sur mon front, comme un rêve qui vole,
Plus vite qu’on ne voit glisser, sur le sentier,
L’ombre d’un roitelet qui change d’églantier.
Le parfum d’une rose après elle en console,
Et du fond du cristal, sa dernière corolle,