Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/501

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce n’est plus ou la Bible, ou Bacon, que je prend :
Je ne demande plus, au vieux Pline-Ie Grand,
Quel éclat son génie ajoute à la nature.
J’abjure le Portique, et renie Épicure :
De ces traits éloquents, qu’aiguisait Ciccron,
J’émousse dans mes chairs le stérile éperon.
Ces crimes, ces tyrans, que dissèque Tacite,
Et que, pour les punir, son style ressuscite,
Tout cela maintenant ne m’intéresse plus.
J’aime mieux, négligent des siècles révolus,
Visiter des conteurs les fastes pittoresques,
Essayant à mes jours leurs récits romanesques,
Tâchant d’accommoder leurs dieux à mon autel.
Le faux est quelquefois plus vrai que le réel :
Et, quand il est amer, il l’est moins que la vie.
Que m’importe l’histoire ou la philosophie ?
Je préfère aujourd’hui Jean-Paul à Mélanchton,
Et les pleurs de Corinne aux raisons de Platon.
Que peut gagner mon âme aux victoires de Rome ?
Werther me touche plus que tel ou tel grand homme.
Qui, pour le réformer, dépeuple l’univers.
Aux mains de Walter Scott confiant mes revers,
Ma douleur, suspendue, en est presque guérie.
Amoureux de Flora, j’épouse Valerie,
Ou j’enlève Mathilde avec Maleck-Adhel.
J’honore des hauts-faits le relief immortel ;
Mais, pour moi, qui ne suis ni guerrier ni monarque,
L’idylle de Longus vaut mieux que tout Plutarque.