Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/512

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TRISTESSE.

Quand les vents froids du nord, sifflant dans la sauléc,
Courbaient des arbres nus la tête désolée :
Quand la neige en nos champs, dépeuplés de gazon,
Laissait tomber des airs sa frileuse toison,
J’accusais tristement l’hiver de ma paresse.
Mais que l’herbe, disais-je, en nos prés reparaisse :
Que le ruisseau glacé recommence à courir,
L’abeille à voltiger, l’églantine à s’ouvrir :
Que l’oiseau, retrouvant ses palais de feuillages,
Comme un bouquet qui vole anime les ombrages !
Et l’éclair endormi renaîtra dans mes yeux :
Mon front sera serein, mon cœur sera joyeux,
Et de mes vers captifs la source, qui sommeille,
Va, comme le ruisseau, l’églantine ou l’abeille,
Bondir et murmurer, voleter et fleurir.
Qui pourrait s’égayer, quand tout semble périr,
Quand, veuve du soleil, dont l’éclat la fait vivre,
La nature se meurt sous son manteau de givre ?