Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/522

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Et, d’un meurtre d’lionneur au forfait qui macule,
Consacrer la distance aux regards du scrupule’?
La vérité souvent, inhabile à frapper,
S’égare dans les mots, dont on veut la tremper.
L’oreille retient moins que les yeux : le poète
Fait alors d’une idée une action complète :
Et, pour nous l’expliquer, le drame solennel
En regard du héros met un vrai criminel.
Figurez-vous d’abord une de ces vallées,
Qui du reste du monde ont l’air d’être isolées :
Nous sommes à Burglen, dans le canton d’Uri.
Au pied de hauts rochers, l’un sur l’autre équarri,
On voit, la porte ouverte, un chalet solitaire :
C’est la maison de Tell, son chaume héréditaire.
Sa femme, ses deux fils l’attendent… On l’entend,
Il vient ! Et sa famille oublie, en l’écoutant,
Un moine sombre et dur, qui lui demande asile.
Tell arrive du meurtre : il entre : il est tranquille.

G. TELL.
Mère de mes enfants, c’est bien moi, qui revien ! Plus de tyrans, Hedwige, entre nous deux : plus rien ! Dieu nous a secourus.