Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/531

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, pleurant, à genoux devant ces humbles pierres,
Diminuer au moins vos maux par des prières.
La route, à cette époque, offre peu de dangers,
Car le vent, qui prédit la neige à nos bergers,
Ne siffle point encore autour de nos campagnes.
Marchez donc hardiment ! Au bout de ces montagnes,
Vous trouverez un pont, bâti par les enfers,
Qu’ont miné le torrent et le froid des hivers :
Passez-le. S’il résiste au poids d’un parricide,
Vous verrez devant vous, dans le roc qui s’évide,
S’enfoncer les détours d’un antre limoneux :
Vous le traverserez. Ce chemin caverneux
Jusqu’aux champs d’Andermat couvrira votre fuite.
Ne vous reposez pas où le bonheur habite :
Avancez. Le remords vient du crime : il va seul.

J. O’AUTRICHE.
O Rodolphe ! Rodolphe ! A mon royal aïeul !
Est-ce ainsi que ton fils, fuyant de haine en haines,
Devait, sous des haillons, sortir de tes domaines !

G. TELL.
En gravissant toujours de hasard eh hasard,
Vous atteindrez bientôt le haut du Saint-Gothard.
Vous le reconnaîtrez à deux lacs solitaires,
Qu’entretiennent du ciel les ondes tributaires.
Plus d’Allemagne alors ! elle s’arrête là.
Descendez en tournant la Via-Tremola,
Et suivez le Tésin : il tombe en Italie.

C’est là qu’avec le ciel on se réconcilie,
C’est là q’est le salut.