Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/539

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Interroger dans l’ombre, où gît sa cendre obscure,
Properzia Rossi, Sapho de la sculpture,
Comme l’autre son luth, reniant son ciseau :
Ou, se faisant du cloître un douloureux tombeau,
La veuve de Pescaire, à Dieu seul infidèle ?
Nos vers rediront-ils l’histoire d’Arabelle,
Que surprend la folie aux grilles de sa tour ?
Non, dites-vous ! Pourquoi bannir, d’un chant d’amour,
Les soupirs consacrés de celles que je nomme ?
Craignez-vous que mon cœur, de louange économe,
N’ait déjà, sous leur chiffre, enfermé ses poisons ?
Déguisez mieux alors vos tremblantes raisons,
Et ne pâlissez pas d’avance à ma réponse :
Puisque vous avez peur, votre effroi vous dénonce.
Mais voyons quels sujets peupleront nos tableaux ?
A qui réservez-vous l’honneur de mes sanglots ?
A cette amante chaste, et pourtant criminelle,
Que pleure de Vergy la dernière tourelle ?
J’accepte. Elle a souffert : et, grâce à vos leçons,
On peut à leur valeur estimer ses frissons.
Qu’elle revive donc aujourd’hui sur ma lyre :
Et quand j’aurai, pour vous, célébré son martyre,
Vous ne reviendrez pas, une seconde fois,
Confier, je le jure, une autre ombre à ma voix.

Ce n’est pas que je veuille injurier sa cendre ;
Mais je ne me sens pas de force à la défendre.