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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/544

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Si c’est là qu’elle dort à l’ombre du Seigneur,
N’allez pas y troubler ses rêves de bonheur.
Qu’osez-vous admirer sa sublime agonie ?
Je puis la célébrer, moi, qui l’aurais punie ;
Mais vous, cœur sec et froid, perclus de vanité,
Vous, qui n’en avez rien que l’infidélité,
De quel droit venez-vous faire plaider sa cause,
Et condamner mes vers à son apothéose ?
Épouse, elle pleura l’hymen injurié,
Et, pleurant à l’écart, lui mentit par pitié.
Quant à vous, qui mentez pour blesser davantage,
Hypocrite de fait autant que de langage,
Qui prétendez souffrir, quand on ne vous voit pas ;
Vous, qui riez si haut et sanglotez si bas :
Vous, qui, de vos langueurs égayant le supplice,
D’un enjoûment public brodez votre ciliée,
Que me demandez-vous, pour vous rémunérer ?
Un éloge de femme, où vous puissiez entrer !
Le moindre mot d’amour, qu’invente ma faiblesse,
Vous accuse d’un crime et d’un faux de tendresse.
Vous ne savez donc pas que, prêt à me venger,
Au lieu de vous chanter, je pourrais vous juger !
Vous ne savez donc pas que, las de l’existence,
La vôtre bien souvent tremble sous ma sentence,
Et que ce cœur jaloux, qu’on brise, en l’offensant,
M’estimerait pas plus quelques gouttes de sang,