Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/554

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pèlerin naufragé des mers de l’harmonie,
Moi, dont la main, faussant le compas d’Uranie,
Voulut autour d’un nom disposer l’univers,
A quels vœux façonner mes déplorables vers ?
Que faire, avec mon cœur tout criblé de morsures,
Pour tuer le serpent, qui vit de mes blessures ?
Sur quel vaste problème appliquant mon esprit,
Faire changer au temps le cercle qu’il décrit ?
Son horloge de plomb retarde d’heure en heure.
Si court dans nos plaisirs, qu’ilesilong, quand on pleure !
Dans quel livre inconnu pourrais-je enseveli,
Si ce n’est le bonheur, trouver au moins l’oubli ?
L’oubli ! tes cœurs heureux peuvent peut-être y croire :
Mais les infortunés ont tous de la mémoire :
Et c’est creuser son mal, que de s’en souvenir !
Le ciel, prompt à courber, et lent à soutenir,
Ne sait pas étayer l’homme contre l’absence.
Des sciences naguère évoquant la puissance,
J’espérais conjurer le sort par mon savoir ;
Mais, sous mon front aride, il n’entre plus d’espoir :