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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/558

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Eh ! quand j’en sortirais, que faire de la vie ?
Qu’y reste-t-il de biens, pour tenter mon envie ?
L’amour ! mot prismatique et qui leurre à seize ans,
Qu’on n’a pas dit deux fois qu’il est vide de sens :
La vertu ! mot plus vide encore que la gloire :
La gloire ! dans quelle àme installer ma mémoire ?
Elle pourrait venir, mais son charme est passé.
A quoi bon l’auréole autour d’un front glacé !
Que ferais-je d’un nom, moi, tout seul sur la terre ?
S’il m’empêchait pourtant d’y stagner solitaire,
Ce nom, que ma paresse a peur d’aller chercher !
Hélas ! il n’est plus temps maintenant d’y marcher :
Courbé sous des remords, que je combats sans cesse,
J’ai mis toute ma force à sentir ma faiblesse.
Couché dans les fossés, qui bordent le chemin,
Est-ce, en se lamentant, qu’on en peut voir la fin ?
Non ; mais la pente est rude, et ma vigueur perdue.
De son trépied natal une fois descendue,
C’est en vain qu’elle aspire à vaincre le trépas,
L’àme descend toujours, et ne remonte pas.