Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/565

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Ma mère, à mes foyers, ne pourra plus s’asseoir ;
Mais, en conlant s<1s jours, nous croirons la revoir :
f.lle vivra toujours, étant toujours aimée.
C’est ainsi qu’à mes yeux l’existence charmée
Redora l’horizon, qu’avait no rci mon deuil,
Et qu’après la tempête, incrédule à l’écu il,
Ma voile, humide encor de l’écume des grèves,
Flotta vers l’avenir sur f’océan des rêves.

J’y voguai bien long-temps, semblable à ce marin.
Qui, long-temps égaré sur une mer d’airain,
Voit, appelant de loin sa p ! age aventurière,
Surgir, du sein des flots, la terre hospitalière.
Des arbres, inclinés aux bords creux des ravins,
Y penchent leurs rameaux, chargés de fruits divins :
Il les vo t : il entend les brises de la côte,
Comme un tilet de bruit, glisser dans l’herbe haute,
Respire dos prés verts le message attendu,
Et du lait végétal, au palmier suspendu,
Sent passer les parfums sur ses lèvres malades :
Il se baigne des yeux au courant des cascades :
Et le vaisseau, qu’abuse un mirage trompeur,
Aborde, à toute voile, une î ! e… de vapeur.
Hélas ! l’univers même est peut-être un mirage,
Un reflet opulent de quelque haut parage,
Que l’on n’atteint jamais, que l’on poursuit toujours,
Sans laisser, après soi, le sillon de ses jours.