Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/57

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Y parquer ce bêtaiI d’immortels apocryphes,
Dont les bouviers du Nil étaient les vrais pontifes.
Remarquez sous les eaux ces vieux marbres tapis !
C’est l’antique maison qu’habitait Sérapis.
Levant dans le désert sa tête sans couronne,
De ses parvis boueux la dernière colonne
Ressemble au mât rompu d’un vaisseau naufragé.
On dirait, à le voir sur ce sol ravagé,
Un temple voyageur, qui, chargé de symboles,
Est venu perdre ici sa cargaison d’idoles.
Ses cadres, ses agrès, son gouvernail sculpté,
Transportent nos esprits au port qu’il a quitté ;
Ce port n’existe plus : et nos âmes chagrines
Ont changé de climat, sans changer de ruines.

XXII.
Écho de l’Océan que j’interroge au loin,
De tout ce qu’il a vu je deviens le témoin ;
L’œil plongé sur ces flots, qu’ont battus tant d’orages,
Je suis témoin, comme eux, de l’ouragan des âges.
Comme un fuseau confus, dont nos regards blasés
Brouillent, en les comptant, les fils entre-croisés,
Les époques ensemble, assiégeant la mémoire,
Ne nous présentent plus qu’une masse d’histoire.
C’est ainsi qu’à Minturne on voit, dans le lointain,
Se cacher Marius, tyran républicain ;