Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/588

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le jour, qu’enveloppait la nuit sous ses courtines,
D’un liséré d’argent ceint le front des collines :
Pèlerin matinal, j’entends, sur les buissons,
Du linot vigilant sautiller les chansons :
J’entends, dans les blés mûrs, grisoller l’alouette,
Et le babil coquet de la bergeronnette,
Qui, le long des prés verts, cause avec les moutons :
Pour voir venir l’aurore entr’ouvrant ses boutons,
Chaque fleur, qui s’évase en humide corbeille,
Est un lac de rosée, où se baigne l’abeille.
Plus d’un cœur, réchauffé par ce ciel généreux,
A chaque heureaujourd’hui pourra se croire heureux ;
Moi, je ne croirai rien : je souffre, et je suis triste.
Je ne sais pas pourquoi le sort veut que j’existe :
Je suis mat dans la vie, et je voudrais mourir.
A travers ses sentiers je suis las de courir :
Ils ne changent pas plus de cailloux que de mousse.
Sous mon regard de plomb l’or du soleil s’émousse.
Si beau qu’il soit, ce monde est un livre ennuyeux :
Puis j’ai tout lu ; pourquoi ne pas fermer les yeux ?