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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/589

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Fantôme de délice, égaré sur ma trace,
Tout, quand elle approchait, s’éclairait de sa grâce
Et c’était de ses yeux, qui semblaient tout parer,
Que les miens apprenaient l’art de tout admirer.
Comme un ange qui glisse en des nuages sombres
Sa légère auréole illuminait mes ombres :
Son âme était pour moi comme un lac enchanté,
Dont l’azur virginal, la limpide beauté,
Brode un tableau du ciel des roses de la terre :
Et la terre à son tour, comme une eau solitaire,
Qui savait répéter, dans un cristal en fleurs,
De son portrait chéri les suaves couleurs.
Hélas ! mes deux miroirs sont bien ternis par l’âge
L’amour, en arrachant les bouquets de la plage,
A, dans les flots troublés qui les réfléchissaient,
Noyé tous les trésors, dont ils s’embellissaient.
Il n’est pas un buisson, qui n’ait perdu ses palmes
Et si jamais un jour ces flots étaient plus calmes,
Ils ne répéteraient que des bords dépouillés,
Et les’spectres noircis des rosiers effeuillés.