Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/590

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XIII.
Non est aiixilium litre.
Oviwts.

Les ruisseaux, qu’ont grossis la neige et les orages,
Étanchent, au printemps, la soif de leurs rivages :
Des larmes du matin le baume caressant,
Pour rajeunir la terre, en ses veines descend :
Et la terre bientôt, de ce lait arrosée,
En guirlandes de fleurs changera la rosée.
Nos champs, lorsque la pluiey vient, du hautdescieux,
Tomber, comme des pleurs de l’œil fécond des dieux,
Nos champs voient refleurir leur fraîcheur offensée :
Le bois jauni reprend sa verdure éclipsée :
Tout renaît, tout revit, rien ne veut plus périr.
Mais nous, quand notre cœur, à force de souffrir,
Déborde et se répand, que nous servent nos larmes ?
Elles rouillent l’esprit, elles rongent nos armes,
Elles creusent nos traits de sillons vénéneux,
Où germe avec l’ennui l’avenir épineux :
De nos traits dans noire âme elles jettent les rides :
Nos champs sous leur contact deviennent tous arides.
Les pleurs de l’homme, hélas ! ne sontd’aucun secours ;
Hélas ! et cependant l’homme pleure toujours.