Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/599

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Là, du chemin de Dieu nulle âme ne dévie.
C’est là, que l’on renaît, que le suc de la vie
Vient, dans nos froidscanaux bouillonnant à pleins bords,
D’une sève immortelle imprégner nos transports :
Si vous l’aimez surtout, fuyez l’espèce humaine ;
Ce n’est, qu’en vivant seul, qu’on échappe à la haine.

Le monde est un bourreau pour le génie altier,
Oui se trouve le front trop haut pour le plier,
Et ne tend pas la main à l’éloge qui passe.
Le vulgaire envieux, qui rampe sur sa trace,
Aboie après la gloire, et, qu’il réponde ou non,
Lacère son repos, pour étouffer son nom.
Renvoyez donc ma vie habiter la nature :
Et mon âme complète, oubliant sa torture,
Reprendra tout à coup son généreux niveau ;
L’espoir seul d’y rentrer rajeunit mon cerveau.
Ouvrez, ouvrez la mer ! et plus la solitude
S’approchera d’un cœur qu’éteint la servitude,
Plus mes chants délivrés secoùront leur fardeau :
Ma chaîne, à chaque pas, décroîtra d’un anneau.
Rendez-moi mes forêts, mes déserts, mes campagnes !
La plaine me fait mal : j’ai besoin des montagnes.

Déshérité du ciel, qu’il croyait son berceau,
Voyez-vous, dans les murs de son étroit tombeau,