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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/609

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Et sourde à mon effroi, qui ne lui disait rien,
Son cœur restait muet aux battements du mien.

Jusques dans mes beaux jours, si rares, si rapides,
J’ai senti du poison germer les dards perfides.
Jamais, à son esprit voltigeant et rieur,
Je n’ai, sans la doubler, confié ma frayeur.
Elle a vu, mille l’ois, ses vaniteux caprices,
De mon amour blessé rouvrir les cicatrices,
Et je l’ai toujours vue, en me voyant souffrir,
Deviner le seul mot, qui pût encor m’aigrir.
Elle aimait mon amour, sans bornes, sans mélanges ;
Mais, n’ayant qu’une voix pour chanter mes louanges,
Je devinais qu’un jour son orgueil familier
Chercherait des échos, pour la multiplier.
Ils n’habitent jamais bien loin de l’inconstance,
Et ma crainte écouteuse abrégeait leur distance.
Oui, souvent à ses pieds, dans ses bras, sur son cœur,
Je ne sais quel génie, amèrement moqueur,
Jetait, entre elle et moi, d’insidieux présages :
Et derrière ses pleurs je lisais des outrages.
Je sentais, en suivant le til de ses discours,
Son dédale d’aveux me perdre en ses détours.
Je ne voyais jamais qu’un côté de sa vie.
D’hommages réclamés sans cesse poursuivie,
J’entendais, chaque jour, comme un ordre d’exil,
De ses fats attitiés bourdonner le babil,