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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/61

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XXV.
Le passé n’est plus rien, quand on pense à cet homme,
Qui tint dans l’univers plus de place que Rome !
Et lui-même, pourtant, n’est plus rien qu’un grand nom.
Qui, semblable peut-être au cri sourd du canon,
Que jette sur les eaux un navire qui sombre,
Roule, en s’affaiblissant, dans les déserts de l’ombre.
Élancé d’un écueil, ses drapeaux à la main,
Il ne fit en dix ans le tour du genre humain,
Que pour venir tomber auprès de sa naissance :
Et c’est là que des vents l’orageuse puissance,
Au lieu de l’étouffer, éveillant son orgueil,
Les rois l’ont vu sortir de son premier cercueil,
Pour s’en fonder un autre… où leur peur fût à l’aise.
Il me semble d’ici le voir sur sa falaise,
Contemplant comme moi le spectacle des mers,
Prendre en même mépris sa gloire et ses revers :
Dans chacun de ces flots croyant se voir renaître,
Se regarder monter, descendre, et disparaître :
Comparer en lui-même, à ces monts passagers,
Ses trônes fugitifs, ses stériles dangers :
Debout, les bras croisés sur sa large poitrine,
Assister en détail à sa vaste ruine,
Et, sans quitter des yeux le tragique Océan,
Siffler un air de guerre, en pensant au néant.