Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/62

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XXVI.
Le néant ! voilà donc ce que vaut la fumée,
Que pousse autour de nous l’ardente renommée !
Peuple infirme ou robuste, homme fort ou chétif,
La mort vous balaîra comme un grain maladif,
Et vos œuvres ne sont qu’un obscur cénotaphe,
Dont nous pouvons à peine épeler l’épitaphe !
Nos grandes actions, nos plus mâles écrits,
Tout ce que nous faisons ne fait que des débris !
Laissez-moi donc en paix, amour, gloire, science ;
Mourez dans ma mémoire et dans ma conscience.
De l’oubli, maintenant, j’aime mieux les pavots,
Que tous ces vains lauriers, qui tentent nos travaux.
J’ai traîné jusqu’à vous mon espérance morte,
O cloître : et le convoi s’arrête à votre porte.

XXVII.
Mais voici que le jour, tombant sous l’horizon,
De ses rêves pensifs éveille ma raison !
L’ombre vient effacer tous ces tronçons d’empire,
Que j’ai fait comparaître ici devant ma lyre.
De l’Ave Maria la cloche a résonné :
Le canot du pêcheur, dans le port ramené,
IN’animc plus des mers la surface déserte :