Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/622

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Celle qui m’y plongea pourrait se croire un ange !
Ma haine s’entend mal à la traiter si bien :
Et j’ai bu trop de fiel, pour épargner le mien.
Quand, absentsilong-tempsdel’honneurdesoi-même,
Du nom, qu’on abdiquait, on se rend le baptême,
Pourquoi, de ce retour cachant la dignité,
Recrépir de respect son imbécillité ?
Non, non : quand on remonte à son intelligence,
Il ne faut pas au moins bâillonner sa vengeance.

Toi-même, à qui j’adresse aujourd’hui ces accents,
Toi, dont aucun poison n’osa troubler les sens,
Dont le cœur aussi pur que la lyre est sonore,
Mêle un parfum du ciel à l’hymne qui l’implore :
Toi, dont le cœur poète, apôtre de pardons,
N’a jamais du sarcasme empenné les brandons,
N’as-tu pas, comme moi, ressentant mon injure,
Pour un duel à mort retrempé mon armure ?
« Publiez, disais-tu, vos lamentables vers ;
» Mais n’allez pas, en deuil de vos derniers revers,
» Par un vœu de tristesse en terminer la liste.
» Sous quelque ciel lointain que cette femme existe,
» Songez que de ces chants le recueil éploré
» Peut frapper quelque part son regard désœuvré :
» Songez qu’elle croira, si jamais son caprice
» S’amuse à feuilleter votre album de supplice,