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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/624

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» Rien de son cœur navré n’arrachera le trait,
» Qu’y plonge du mépris l’ineffaçable arrêt.
» Des stigmates du vers tarez donc sa bassesse :
» Le talent s’agrandit de tout ce qu’il rabaisse.
» Pourri de fausseté, son sang trouble et bâtard
» Ne vaut sans doute pas qu’on en rouille un poignard ;
» Mais est-ce pour pleurer un reste de coquette,
» Que le ciel vous donna la lyre du poète ?
» La lyre aussi poignarde, et mord comme les dents :
» Si le sang nevient pas, c’est qu’il couleen dedans. »
C’était là tes conseils, c’était là mes maximes !
Dévoré si long-temps de pleurs pusillanimes,
C’est ainsi qu’autrefois écrivait mon courroux,
Quand, du Nord insurgé, revenu parmi vous,
Je rallumais tout bas ma verve atrabilaire.
Sur une indigne idole assénant ma colère,
Je voulais, à loisir, broyant son nom glacé,
Pilorier le dieu, que j’avais encensé.
Tout ce que je craignais, c’est que ma main sauvage
Ne sût pas, écumant le venin du langage,
D’un fiel assez féroce empoisonner son dard :
J’étais sûr cependant de frapper avec art,
Et quoique des combats la bruyante agonie,
En réparant le corps altère le génie,
Je sentais dans mon sein, gros d’éclairs rédempteurs,
Bondir tout un carquois de vers flagellateurs.