Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/630

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui, blessée autrefois par la main des chasseurs,
Du côté du printemps voit émigrer ses sœurs,
Et reste dans son nid honteuse et solitaire,
Ne croyant plus aux fleurs, et doutant de la terre.
Je me mets à songer, qu’on n’aime pas deux fois,
Qu’aux autels d’un fauxdieu j’ai prosterné mon choix,
Et que si par hasard, sous mes regards d’automne,
Un jeune ange, plus pur que sa blanche couronne.
Passait : moncœurprodigue, aujourd’huisanspouvoir,
N’ayant rien à donner, n’a rien à recevoir.
Il me prend de moi-même une pitié profonde,
D’avoir été si vite à connaître le monde :’
Chaque goutte de pluie a des échos secrets,
Effeuille des plaisirs, éveille des regrets :
On sent grincer la bise autour d’une blessure :
C’est triste ; mais ce mal fuit, quand le ciel s’épure :
Les mauvais jours s’en vont : l’été reprend son cours :
Un rayon de soleil arrive à mon secours,
Et, de la vie encor affrontant la tempête,
Comme un pavot penché, je relève la tête.

Avant de terminer mes nébuleux concerts,
Je voulais, mon ami, vous dédiant ces vers.
Dans d’autres vers plus grands, qu’a voirait votre lyre.
Élever jusqu’à vous mes heures de martyre :
Et guéri par vos soins, je le crois, sans retour,
M’absoudre, en vousaimant, detousmeschantsd’amour