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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/629

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A peine maintenant, si je sais qu’elle existe,
Et jamais un regret, un souvenir n’attriste,
Ce pur sommeil des champs qui réveille ma voix.
Je jouis mieux, tout seul, de tout ce que je vois :
Et, s’il faut l’avouer, j’éprouve, au lieu de haine,
Qu’elle a bien fait pour moi de briser notre chaîne.
Mon esprit fléchissait, et fût resté courbé :
Il remonte aujourd’hui plus qu’il n’était tombé ;
Un parjure de femme a fait bondir son aile,
Il vole ! Pourquoidonc, quand jesuisplushaut qu’elle,
Descendre à son niveau me plaindre et me venger ?
Puisque je suis heureux, à quoi bon l’outrager ?
Qu’elle compte à la fois plus d’amants qu’elle adore,
Que moi dans mon jardin de fleurs qui vont éclore,
Quem’importe ! et pourquoi, quand je nesensplusrien,
Percer son cœur d’un dard, qui n’est plus dans le mien !
Puis, pour blesser quelqu’un, il faut qu’on s’y prépare :
Et je n’ai pas le temps de devenir barbare.

Sans doute quelquefois, quand le ciel maladif,
A mon foyer frileux me relègue captif :
Quand le soleil, caché dans les plis des nuages,
De ses lueurs de plomb ternit mes paysages,
Je pense que ma vie a ses jours pluvieux.
J’ai cessé d’être jeune avant que d’être vieux,
Et, quand le vent gémit dans les bois qu’il querelle,
Je me trouve, un instant, semblable à l’hirondelle,