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CONTE D’ENFANT


PROLOGUE.


Quoiqu’on m’ait baptisé, lorsque j’avais deux jours,
(Et voilà bien trente ans), j’ai peur d’être toujours
Mauvais chrétien. Mes mœurs sont assez régulières ;
Mais, s’il faut l’avouer, je sais pou mes prières,
Et j’en suis si honteux, que je ne les fais pas.
Quant à celles du cœur, qui se disent tout bas,
Je les dis ; mais c’est mal de n’en pas savoir d’autres,
Le Credo, par exemple, ou l’Acte des apôtres.
Il doit être si doux, le soir, quand le sommeil
Vient des rêves de l’âme assembler le conseil,
D’entrer en confidence avec l’Être-Suprême,
Et de dire tout droit, sans en faire un poème,
Comme un pauvre d’esprit qui ne craint pas l’enfer,
L’ave pleine de grâce, ou le Pater Noster !
Souvent je me repens de mon indifférence,
Et promets, à part moi, d’avoir moins d’ignorance ;
Quand j’ai bien réfléchi sur tout le genre humain,
Voyant ce que j’en sais, je dis : C’est pour demain