Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/69

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Je voudrais tant savoir, ce qui peut se passer
Dans ces âmes d’enfanfs, où tout paraît glisser :
Comment leur cœur si pur au monde s’accommode !
Pourquoi cet âge heureux n’est-il qu’un épisode,
Dans la vie : un passage, écrit du doigt de Dieu,
Et qu’on oublie, hélas ! avant d’être au mdieu ?
Sans soin du jour qui file et du jour qui doit suivre,
Ils vivent sans compter, et seulement pour vivre :
Et nous, jaloux du temps qui vient nous appauvrir,
Nous calculons pour vivre, et vivons pour mourir.

On gagne tant de pleurs, en gagnant des années,
Qu’on voudrait ressaisir ces premières journées,
Où l’homme, malgré lui, ne retourne un matin,
Qu’après avoir perdu quelque chose en chemin,
L’illusion, la grâce, et ses riants caprices ;
Quand l’enfance revient, elle a des cicatrices,
Et l’on voit, sur son front, ce vide permanent,
Que l’espérance y creuse, en se déracinant.
On lui prête, à regret, une avare assistance :
C’est si triste un enfant, qui juge l’existence !
Voilà pourquoi, sans doute, on chérit les petits,
Et leur babil folâtre, et leurs airs repentis,
Quand ils ont fait damner celui qui les admire.
Je me plais à les voir faire du bruit et rire,
Couper en un cl i n d’œi I des bouquets plus gros qu’eu x,
Et puis les laisser là pour jouer d’autres jeux,