Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/79

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LE RHIN.


On l’a dit mainte fois : cette vie est un fleuve,
Qui, sous des cieux divers, fuit d’épreuve en épreuve.
Si jamais ce symbole eut quelque vérité,
C’est sans doute, en courant, le Rhin qui l’a dicté.
Comme un enfant nourri de l’air pur des campagnes,
Il sautille, en naissant, dans les fleurs des montagnes,
Et de ses flots légers le liquide tapis
Se déroule, en jasant, à travers les herbis.
Agrandissant bientôt sa limpide existence,
Il va bercer ses jeux dans le lac de Constance.
Mûri par la prison qui retient ses élans,
Comme nous par les soins dus à nos premiers ans,
Il en sort déchaîné, pour visiter le monde..
Son cours est plus rapide et son eau plus profonde.
Fougueux adolescent, qui ne doute de rien,
Il marche, impatient d’obstacle et de lien,
Et de la liberté sa jeunesse jalouse,
D’une chute intrépide épouvante Schatl’house.