Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/86

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L’ÉTOILE.


Partout, où l’on existe, on doit verser des pleurs :
Pourquoi donc, quand vos yeux ont vu, dans les douleurs,
Mourir le crépuscule, où s’endort l’espérance,
Voulez-vous, comme un port propice à la souffrance,
Aller, de l’infmi pèlerin soucieux,
Surprendre une oasis dans le désert des cieux ?
Hélas ! s’ils sont peuplés, ces esquifs de lumière,
Où s’élance, le soir, votre âme prisonnière,
Sous leurs agrès de flamme est-il un passager,
Est-il un matelot, qui n’aspire à changer ?
Oh ! que ne pouvez-vous, y naviguant une heure,
Contempler, de leur bord, votre humaine demeure !
Vous verriez, comme l’astre où vous vous égarez,
Rouler, pur etx brillant, le globe où vous pleurez.
Le lointain du vaisseau transfigure sa voile :
Et, pour d’autres regards, ce monde est une étoile.
Ne quêtez pas si haut quelque goutte de miel :
Le bonheur est, en nous, plus lisible qu’au ciel.