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LE POÈTE MATELOT.


Je me suis fait marin par amour de la mer :
J’aime à voir le soleil, en ce miroir amer,
Mouillant de ses rayons la couronne azurée,
Jouer dans le corail, et dans l’algue éclairée :
A voir du firmament les astres descendus,
Comme des poissons d’or aux vagues suspendus :
J’aime à voir, détachés de leurs soyeux rivages,
Courir sous mes sabords des îlots de nuages,
Et, de ces blancs écueils longeant les archipels,
A sentir mon esquif nager entre deux ciels.

Tout me plaît sur la mer, le calme et les orages,
Le sifflement des flots qui rongent les bordages,
Ou leurs festons de perle encadrant nos vaisseaux
Le tonnerre, commis à la garde des eaux,
Aboyant dans les cieux après l’homme qui passe,
Et de ses dents d’éclairs voulant mordre sa trace
Le gouffre qui se tord en ravin mugissant,