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JEAN RHOBIN

à défendre le parti de mon père. Si je reste indépendant, je pourrai publier ce qui me plaira ; mais si je suis assujetti à un parti, je ne dirai que ce qu’il faudra dire.

Jean me fit sursauter. Le souffle me manquait. Je ne le croyais pas rendu si loin déjà.

Comme tant de beaux talents, qui, sans cette mauvaise raison, fussent devenus profitables à la race, il était indécis, paralysé devant cette grande rétention nationale qu’est l’esprit de parti.

Parviendra-t-il à remporter la victoire sur lui-même ? Non. Je venais de saisir toutes les excuses, tous les sentiments qui animaient son cœur. Il sacrifiera le devoir à la partisanerie ; et, c’est dans ce domaine que Jean Rhobin, par son manque de caractère, trahira comme tant de ses pareils.

En partant, il me tendit une liasse de feuilles détachées :

— Vous lirez cela, dit-il. Vous me les rendrez à la prochaine occasion.

Le père qui s’était levé pour me dire au revoir, ajouta :