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Page:Lefebvre - Jean Rhobin, 1946.djvu/19

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JEAN RHOBIN

Les yeux larmoyants, il remerciait avec un air de reconnaissance ceux qui sacrifiaient quelques sous au nom de la charité chrétienne.

Cependant, plusieurs rentiers du village passaient leur chemin, sans se laisser toucher par la pitié.

Je fis remarquer au docteur : « Ces gratteux de rentiers sont bien salauds ; ils ne pratiquent pas beaucoup la charité. Ils pensent, leur petite fortune faite, que tout ce qui leur reste d’occupation dans la vie est de prêter leur argent avec usure, à haut intérêt. »

Pauvres rentiers ! comment pouvez-vous mêler la messe à l’avarice ? Chaque jour, vous demandez la protection du Ciel et vous refusez de donner un sou de la fortune que Dieu vous a prêtée ! Vous qui avez un pied dans le cercueil, vous restez insensibles au malheur !

Mais vous n’êtes pas exempts de la charité : comme tout le monde, vous devez le sou du pauvre.

Le docteur approuvait entièrement ma manière de maudire les rentiers pingres et cupides de mon village. Cependant, nous reconnûmes