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Page:Lefebvre - Jean Rhobin, 1946.djvu/18

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JEAN RHOBIN

du maître de la maison qui se réservait toujours le privilège de l’interroger. Tous les membres de la famille mangeaient en silence ; ils écoutaient religieusement le dialogue. Après le souper, j’étais chargé de réunir quelques amis de la famille. Le quêteux continuait de répondre aux questions de tous les curieux qui étaient venus dans l’espoir de se renseigner. On avait bien soin de ne pas lui remettre le même soir le sou qu’on devait à tous les mendiants. On savait que, le lendemain, le pauvre passerait de porte en porte pour le demander. La soirée terminée — si c’était en hiver — je courais au hangar chercher les robes de carriole que ma grand’mère étendait près du poêle. C’était le lit qu’on préparait pour les quêteux. Helloboy était fier de pouvoir se rendre utile. Il disait à mon grand-père : « Cette nuit, dormez tranquille, c’est moi qui surveillerai le feu. »

Quand nous sortîmes de l’église, le quêteux Helloboy tendait son chapeau aux fidèles qui le croisaient. Un vent frais passait sur le crâne chauve du mendiant et refoulait sur son épaule sa longue barbe blanche.