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Page:Lefebvre - Jean Rhobin, 1946.djvu/48

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JEAN RHOBIN

Le père Rhobin n’était pas aussi enthousiaste des missions lointaines. Il avait fait instruire ses fils pour en voir au moins un, devenir un grand politique, un homme d’état distingué. Il aimait les tribuns fougueux, il chérissait l’éloquence. Les orateurs le transportaient d’enthousiasme. Sans le dire à sa femme, il regrettait que son fils s’en fût allé si loin et se fût donné à une tâche si obscure.

— Ah ! toi, disait-il à son épouse Valentine, les rêves de ta vie sont réalisés. Tu pries toujours pour que nos gars fassent des prêtres, moi, je souhaite encore avoir un garçon dans la vie publique. Si j’ai envoyé mes fils au séminaire, c’était simplement pour leur donner une formation supérieure à la nôtre. Leurs études terminées, Jérôme a embrassé l’état religieux, Omer est devenu médecin, et Joseph notaire. Je ne les trouve pas malheureux, loin de là, mais moi, je ne suis pas parfaitement heureux.

— Mais quelle carrière voulais-tu donc qu’ils eussent choisi ?

— Ah ! Je ne t’en ai jamais parlé, ma chère Valentine. J’aurais aimé être un brasseur d’af-