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JEAN RHOBIN

— Écoute ! Valentine, je me suis occupé de politique toute ma vie ; je ne peux toujours pas m’en laisser imposer par une femme.

— Bien pauvre raisonnement ! celui des partisans. Avec tes toquades politiques et celles de tes adversaires, on n’avance à rien en ce pays. On est rouge ou bleu, et on ne veut entendre que des raisonnements basés sur deux couleurs de l’arc-en-ciel. Tu trouves cela important, toi, tu es bien à plaindre. Enfin tu ne prétends toujours pas que, si nos garçons se mêlaient de faire de la politique, ils fussent si aveugles, si bêtes. Il n’y a que les vieux comme toi qui traînent ces rengaines de parti.

***

La mère Rhobin connaissait son affaire. Elle savait que son mari était au service d’un groupe de trustards, qui étouffent le peuple dans l’étau de la haute finance. En vieillissant elle s’était élevée au-dessus de ces petites chicanes, elle raisonnait juste et maudissait les jours, les semaines, que son mari perdait à suivre les directives d’un groupe.