Aller au contenu

Page:Lefebvre - Jean Rhobin, 1946.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
JEAN RHOBIN

Quand elle exécutait une pièce difficile, cela lui faisait ouvrir de grands yeux inquiets, mais énergiques et sûrs, qu’elle recouvrait ensuite de ses longs cils, avant de chanter.

Son âme de violoniste semblait la transfigurer.

Grande admiratrice de la célèbre Maud Powell, elle ne jouait jamais sans évoquer en elle la virtuosité de cette musicienne. Elle aimait son répertoire et exécutait plusieurs de ses pièces avec une technique presque identique à la sienne. Son professeur l’exhortait fortement à affronter le grand public ; à son avis, elle pouvait sans difficulté acquérir rapidement une renommée à laquelle elle aspirait.

***

Sa mère était très fière de son talent. Elle eut voulu la voir donner des récitals dans les théâtres des grandes villes.

Le père était un bigot pusillanime. Il ne faisait pas confiance à la vie. Il ne voulait pas permettre à sa fille d’aller jouer dans les centres urbains.

« Tant que je vivrai, disait-il à sa femme, Marthe n’ira pas s’exposer à la débauche. Si