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Page:Lefebvre - Jean Rhobin, 1946.djvu/81

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JEAN RHOBIN

à s’établir. Il n’était plus un héros que dans la tête et le cœur de Marthe Duval. Gagner sa vie, faire sa vie, petitement et rapidement, était son souci de l’heure présente. Plus tard peut-être, il penserait à autre chose. Ne doit-on pas d’abord être quelqu’un si l’on veut s’imposer, travailler un jour pour les siens ? Le malheur, c’est qu’on finit par oublier qu’on n’est pas seul au monde.

Peu à peu se dessinait en Jean Rhobin ce phénomène d’usure rapide de l’idéal qui ne se produit que trop rapidement en notre pays. Il devenait affairiste, terre à terre, homme d’argent avant tout.

***

Marthe surveillait le bureau de poste. Quand le courrier arrivait, elle était la première rendue, anxieuse d’apprendre si Jean avait écrit.

Bien que peinée par le séjour prolongé de son ami à New-York, la vie ne lui était pas trop pénible. Les lettres qu’elle recevait régulièrement, ranimaient son courage. Elle apprenait que Jean pensait beaucoup à sa fiancée,