— Papa, dit-elle, je vous ai toujours obéi ; maintenant que je vais mourir, je vous demande comme dernière faveur de ne pas écrire à Jean puisque je désire mourir sans le revoir.
Quelques jours plus tard, Marthe s’affaissa de nouveau.
Les larmes aux yeux, le père écrivit à Jean que Marthe était mourante.
Le fiancé quitta tout, mais il ne put se rendre à temps. La veille de son arrivée, Marthe avait rendu le dernier soupir, les yeux fixés sur son violon et sur la photographie de Jean qu’elle avait toujours aimé.
Dieu avait-il voulu épargner à cette âme sensible une désillusion ? Mieux valait en tout cas que Marthe mourût plutôt que d’appartenir à un homme médiocre. Elle eût trop cruellement souffert à la longue. Elle n’eût pas tardé à sentir, avec son intuition féminine, les points faibles de ce bon garçon de mari que son admiration naïve de jeune fille lui voilait encore.