Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 103 —

jours, ravivé les espérances d’armistice, le Paris élégant, viveur et tripoteur d’affaires, accourait-il avec une joie d’enfant, contempler les nombreux étalages de comestibles de toutes sortes que les marchands, dans la crainte d’un ravitaillement qui eût fait baisser le prix de leurs denrées, s’empressèrent de tirer de leurs cachettes.

Le gouvernement de la Défense, comprenant en définitive que son origine insurrectionnelle lui était une cause d’affaiblissement, s’empressa de profiter des circonstances pour faire ratifier son triomphe par un vote, et, à l’aide d’un plébiscite, moyen dont la plupart de ses membres avaient pourtant combattu récemment la moralité sous l’empire, il escroqua, on peut le dire, à l’ahurissement de ses électeurs, une majorité considérable en sa faveur (321,373 oui contre 53,585 non) !

Comme il se trouvait en ce moment dans Paris deux cent mille hommes de plus que d’habitude, provenant, tant de l’armée régulière et des marins, que de la mobile départementale et des réfugiés des campagnes suburbaines ; que, d’autre part, il y a environ 450 mille électeurs à Paris en temps ordinaire, et que soldats, marins, mobiles et réfugiés suburbains, tous furent appelés à voter, on peut assurer qu’il y eut environ trois cent mille citoyens qui s’abstinrent de prendre part à cette nouvelle farce plébiscitaire.

Ce vote obtenu, grâce à toutes sortes de manœuvres dignes de l’empire, telle que fausses nouvelles de prétendue victoire remportée par le général Cambriels, accusations de vol d’argenterie de l’Hôtel-de-Ville et des sceaux de l’État, portées contre les insurgés de la veille, rumeurs partout répandues que ces insurgés étaient d’accord avec les Prussiens pour leur livrer les portes de Paris ; ce vote obtenu, disons-nous, grâce à toutes ces infamies, le gouvernement de la Défense en profita immédiatement pour violer la transaction loyalement