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recommencer leurs déprédations et leurs bombances éhontées, fut, hélas ! de courte durée.

Peu de jours s’étaient écoulés, qu’on apprit, à n’en plus douter, que M. de Bismarck, certain cette fois que tout élan patriotique trop prononcé serait facilement comprimé et qu’il n’avait plus rien à craindre de ce côté, se refusait net à continuer les pourparlers ouverts entre lui et la Défense, par l’entremise de M. Thiers. Le ministre prussien poussa même l’insolence jusqu’à déclarer sèchement à ce dernier, qu’il consentirait seulement à accorder l’armistice demandé, pour qu’on pût convoquer une assemblée nationale, ayant pleins pouvoirs pour traiter de la paix, mais sans condition de ravitaillement pour Paris ![1].

Sûr d’une victoire que lui préparait sans conteste l’incapacité d’un gouvernement désormais omnipotent, qu’importaient à ce futur vainqueur de Paris les jérémiades de ceux qui avaient sottement concouru à créer cette omnipotence gouvernementale ?

Les comestibles et victuailles de toute nature qui s’étaient complaisamment étalés au grand jour des vitrines des marchands, rentrèrent dans les caves, certains qu’étaient maintenant les marchands de les vendre à des prix fabuleux et sans qu’il fût besoin d’allumer, par leur exhibition, les convoitises des acheteurs aux abois.

Il va sans dire qu’avec leur impudence habituelle, la Défense et les journaux à ses gages mirent cette déconvenue sur le compte du 31 octobre, ayant grand soin d’ajouter même que cette journée, et jusqu’aux noms de ceux qui y avaient participé, étaient annoncés aux Prussiens dès le 28 octobre.

C’était la première vengeance de J. Favre, dont la terreur s’était traduite, dans cette journée, par une lettre écrite à sa fille, dont la teneur fut rendue publique,

  1. Voir le rapport diplomatique de M. Thiers, daté de Tours, 9 novembre 1870, et publié à Paris, dans l’Officiel du 2 décembre.