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et qui commençait par ces mots : « Ma fille, je suis perdu ; je vais être livré à la justice ! »[1].

Décidément, à moins de se rendre honteusement et à la discrétion du vainqueur, il fallait se battre et songer à vaincre.

La petite bourgeoisie et tout ce que l’empire n’avait pas absolument pourri en prit son parti, et les compagnies de marche, que le gouvernement se décida enfin à créer, virent entrer dans leurs rangs plus de cheveux gris peut-être encore que de jeunes gens.

Ainsi et malgré le temps perdu, malgré notre administration défectueuse, et l’incapacité de nos gouvernants, si ces derniers eussent été seulement honnêtes, on eût pu vaincre encore au moyen de sorties bien conduites et surtout dirigées sur les points faibles et dépourvus, à cette époque, de travaux d’art suffisants (tel par exemple que la vallée de Pontoise), secondant par là les armées de secours qu’organisaient en province Gambetta et les généraux qui appuyaient son activité.

Mais, loin de précipiter les sorties, afin de tenir au moins l’ennemi constamment en haleine, si l’on ne pouvait percer ses lignes, et le contraindre ainsi à immobiliser la plus grande partie de ses forces sous Paris, on les fit en si petit nombre, elles furent si mal combinées, si distantes l’une de l’autre et si peu tenues secrètes, que de nombreuses troupes ennemies eurent tout le temps nécessaire de se détacher, d’aller appuyer les corps jugés trop faibles pour s’opposer à la marche de nos armées de province, écraser celles-ci et revenir encore à temps pour supporter le poids de nos rares et inutiles efforts.

Cependant, à la fin de novembre, on s’empressa de prévenir, presqu’à son de trompe, sans doute pour que l’ennemi ne le pût ignorer, qu’une grande sortie aurait lieu avec le concours de la garde nationale.

  1. Voir la Gazette des Tribunaux — procès du 31 octobre — où cette lettre est mentionnée avec le texte cité plus haut.