Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 139 —

force publique[1], au lieu de lui résister. Ils hâteront ainsi le retour de l’aisance dans la Cité, et rendront service à la République elle-même que le désordre ruinerait dans l’opinion de la France.

Parisiens, nous vous tenons ce langage parce que nous estimons votre bon sens, votre sagesse, votre patriotisme ; mais, cet avertissement donné, vous nous approuverez de recourir à la force, car il faut à tout prix, et sans un jour de retard, que l’ordre, condition de votre bien-être, renaisse entier, immédiat, inaltérable.

Paris, le 17 mars 1871.

(Suivaient les signatures de tous les membres du nouveau gouvernement, celui de M. Thiers en tête.)

Cette proclamation, pleine de menaces à l’adresse des républicains, rappelait absolument celle qui avait appris au peuple de Paris, le 2 décembre 1851, que c’en était fait de la République et de la liberté.

Au manque de concision près, c’était le même style et la même pensée : il est temps que les bons se rassurent et que les méchants tremblent. Et, toujours comme en décembre, les bons c’étaient ceux qui voulaient recommencer le système de privilèges et d’oppression auquel les républicains, les méchants, entendaient absolument mettre fin.

Mais cette fois, la parole avait maladroitement précédé l’acte, et les menaces ne se purent réaliser… quant à présent du moins.

Le coup de main tenté deux nuits avant place des Vosges, avait donné l’éveil, et le Comité central de la garde nationale (institution de nouvelle création et sur laquelle nous reviendrons dans le chapitre suivant) avait pris ses mesures.

Aussi, malgré leur apparent succès tout d’abord, les troupes envoyées à Montmartre et à Belleville furent-

    sentes tout ce qu’avait île sinistre augure cette formule de l’assassin de la République en 1851.

  1. Appel direct à la guerre civile que les signataires prétendaient pourtant vouloir éviter.