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-elles bientôt entourées par les bataillons de la garde nationale de ces quartiers, rassemblés comme par enchantement, qui forcèrent les premières à mettre bas les armes, après quelques coups de feu échangés surtout avec les gendarmes à cheval et la garde de Paris.

Le général Vinoy, qui dirigeait les opérations à Montmartre, dut s’échapper à toute vitesse, laissant, dit-on, son képi sur le champ de bataille, place Pigalle. Les troupes nouvellement arrivées à Paris et justement irritées contre la mollesse et l’incapacité de leurs chefs, qui les avaient fait constamment battre par l’ennemi, se rendirent sur tous les points, sans combat, à la garde nationale, au cri de : Vive la République !

À midi, Paris se hérissait de barricades, et dans la soirée, les membres du gouvernement, provocateurs de cette situation, jugeant toute résistance impossible, abandonnaient Paris à lui-même et se retiraient à Versailles avec quelques troupes, l’État-major, les gendarmes et la garde de Paris.

Paris républicain était vainqueur des réactionnaires, et c’était bien cette fois une révolution populaire que la journée du 18 mars venait d’inaugurer.

Mais, précisément à cause de son caractère tout nouveau, cette révolution allait avoir à lutter contre tous les privilèges et contre tous les appétits de pouvoir ligués contre elle.

Les travailleurs, seuls maîtres du terrain, sauraient-ils s’y maintenir ?