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Aussi n’est-ce qu’à force de luttes toujours fort vives, que peu à peu l’idée de droits inhérents à l’homme et par cela même inviolables, se fit jour dans les esprits des nations chrétiennes. — En Angleterre et en France surtout, les parlements — grâce à leurs incessantes revendications contre l’autorité — parvinrent à arracher au souverain la reconnaissance de certains droits pour la nation, droits dont l’exercice amena, en Angleterre d’abord, la mort de Charles Ier et la prépondérance définitive du parlement ; en France plus tard, l’éclosion d’un mouvement révolutionnaire d’autant plus considérable que, poussée par le caractère logique de son esprit, cette nation comprit vite qu’il s’agissait, moins de savoir à qui le pouvoir appartiendrait désormais, que de faire disparaître jusqu’à la notion même du pouvoir.

Si la France se fût trouvée placée dans les mêmes conditions géographiques que l’Angleterre, nul doute que comme celle-ci, et malgré les résistances intérieures de tout ce qui vit de privilèges, elle n’eût d’un seul coup accompli sa transformation. Mais, placée au centre de l’Europe monarchique pour laquelle son exemple eût été d’une dangereuse contagion, il n’en pouvait être ainsi sans luttes à l’extérieur.

La guerre déclarée, il fallut la soutenir et en triompher. Or, qui dit guerre, dit forcément autorité, compression, création de pouvoirs extraordinaires, dictature enfin, c’est-à-dire négation des libertés intérieures et reconstitution fatale d’un pouvoir supérieur aux droits des citoyens.

Une fois le pouvoir reconstitué, c’est à qui le voudra exercer et, pour s’y maintenir, à qui également se servira des moyens — toujours au nom du salut public — dont il reprochait l’emploi à ses adversaires vaincus, mais se préparant à prendre leur revanche pour recommencer à leur tour.

Dans de semblables conditions, la Loi, loin d’être