Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 18 —

La loi n’émane jusqu’ici que de législateurs élus par un nombre restreint de citoyens, n’ayant d’autre aptitude reconnue à cette fonction politique que leur seule fortune. Viciée en principe par le privilège dont elle émane, la loi semble alors faite pour la défense unique des intérêts de ceux-là seuls qui ont participé à son édiction. D’où la moralité des attaques incessantes dont elle est l’objet.

Étendons à tous les citoyens — ce qui est d’ailleurs de droit strict en démocratie, puisque tous paient l’impôt sous une forme quelconque — étendons à tous la faculté d’élire des députés aux assemblées constituantes et législatives, et désormais, la loi, émanation de la souveraineté du peuple — par voie de majorité s’entend — sera réellement morale ; la république assise sans conteste et toute insurrection, d’où qu’elle vienne, légalement réprimée cette fois et, partant, de moins en moins possible.

Autoritaires avant tout, c’est-à-dire partisans d’un pouvoir spécial ayant action sur la totalité des citoyens, es républicains crurent avoir évité toute cause de conflit en donnant à l’universalité du peuple le droit d’élire les divers membres de ce pouvoir.

Ils oublièrent que la souveraineté collective ne se composant que de souverainetés individuelles, ces dernières, sous peine de disparaître entièrement et de compromettre ainsi l’existence même de la première, ne pouvaient se déléguer, toute délégation étant une aliénation. — Ils oublièrent par conséquent que la souveraineté du peuple ne pouvait être garantie, à moins de dégénérer en une déplorable et dangereuse fiction, qu’autant que le gouvernement serait réduit à un simple fait d’administration composée de capacités spéciales, et n’ayant d’autres fonctions que de présider à l’exécution des mesures d’intérêt public, chacune en ce qui les concerne.

Poursuivant leurs errements politiques, les républicains d’alors oublièrent de plus que le suffrage ne peut