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lequel on les avait laissés, ne voulant plus repartir et se débandant sans qu’on pût les reformer.

Les points les plus dangereux et qu’il eût fallu mettre au plus vite en état de défense étaient absolument négligés. Il nous souvient qu’ayant accepté avec notre digne ami, le citoyen Gambon, de surveiller la situation militaire de la partie comprise entre le Point-du-Jour et la porte des Ternes, à partir du 21 avril, nous ne fûmes pas longtemps à comprendre tous deux, malgré notre inexpérience et notre défaut de science militaire, que là se dénouerait la lutte, soit à la honte de Versailles, soit par la chute de la Commune, suivant que la défense saurait ou non pourvoir aux terrassements et à la prompte mise en service de l’artillerie, nécessités par les préparatifs d’attaque, considérables et multipliés sur tout ce parcours des fortifications. Chaque jour nous pouvions constater les progrès de nos ennemis, du haut de l’observatoire précédemment établi par l’amiral Saisset, sur la toiture du château de la Muette. Nous vîmes successivement installer, sur les points autrefois occupés par les Prussiens, les batteries formidables à l’aide desquelles les Versaillais finirent par pulvériser Boulainvilliers, le Point-du-Jour, Auteuil et Passy. Enfin nous pûmes encore les voir impunément creuser sur la lisière du bois de Boulogne, à 1,500 mètres au plus des fortifications, la tranchée à l’aide de laquelle leurs tirailleurs protégèrent le rétablissement de la batterie du rond-point de Mortemart et la construction de parallèles approchées, sans opposition sérieuse, à moins de 15 mètres des fossés de la ville, vers les portes de Saint-Cloud et d’Auteuil.

Nous signalâmes plus de vingt fois, avec le citoyen Gambon, la nécessité qu’il y avait de placer, comme commandant de ce secteur, l’officier le plus capable qu’on pourrait trouver, et de destituer celui qui s’y trouvait alors, un certain chef de légion des bataillons de Passy (le 72e et le 38e) qu’on croyait, non sans